Naviguer dans l’incertitude

Ces dernières décennies, le niveau d’incertitude auquel nous sommes confrontés n’a cessé de croître. Cela se reflète clairement dans l’indice mondial d’incertitude calculé par le FMI. Le prospectiviste Jamais Cascio estime même que l’incertitude aurait changé de nature. Avec le dérèglement climatique, la pandémie de 2020, les ruptures technologiques et l’instabilité géopolitique, nous serions passé d’un monde « VUCA » – volatile, incertain [uncertain], complexe et ambigu – à un monde « BANI » – fragile [brittle], anxieux, non linéaire et incompréhensible.

Plus que jamais, il est nécessaire de disposer de leaders capables de naviguer dans l’incertitude. Cependant, si la plupart sont formés à la gestion du risque, très peu ont une culture de gestion de l’incertitude. Or les enjeux sont différents. Le risque est généralement géré selon une approche probabiliste, en se basant sur l'extrapolation des occurrences passées de certaines situations. Cela ne peut s’appliquer à l’incertitude, qui se caractérise par l’absence de données pour modéliser l’avenir. Une entreprise comme TotalEnergies illustre bien ce changement de paradigme. Historiquement, elle devait parer à des risques connus, face auxquels elle avait développé une solide expertise : choisir ses zones d’exploration et de forage, les sécuriser, se protéger des conflits géopolitiques, affronter la volatilité des prix, etc. Aujourd’hui, elle fait face à un contexte dans lequel ses repères traditionnels sont brouillés. Elle doit notamment revoir en profondeur son mix énergétique, redéfinir sa raison d’être et retrouver son attractivité auprès de talents soucieux de leur impact environnemental. Face à tant d’inconnues, les méthodes traditionnelles de gestion des risques ne suffisent plus, ainsi que l’a souligné son PDG Patrick Pouyanné : « Le risque est gérable. L'incertitude, non. » De fait, l’incertitude requiert des compétences bien spécifiques, comme l’exploration active de l’inconnu, la capacité à remettre en question ses convictions, la tolérance à l’ambiguïté… Au-delà de leur approche personnelle de l’incertitude, managers et dirigeants doivent également être capables de guider les équipes dans ce contexte : donner suffisamment de points d’ancrage pour éviter la paralysie, tout en encourageant l’apprentissage continu.

Heureusement, nous pouvons renforcer notre capacité à naviguer dans l’incertitude en nous inspirant des pratiques de ceux qui s’y épanouissent : les serial entrepreneurs, les scientifiques et les grands inventeurs.

Dans cette synthèse :
– Dynamiser ses équipes face à l’incertitude
– Aider ses équipes à gérer l’incertitude permanente
– Fournir un cadre clair pour décider dans l’incertitude