Le pouvoir insoupçonné des mots
Si l’on manie souvent les mots sans vraiment y prêter attention, on peut aussi y recourir de façon plus délibérée. Comment s’appuyer sur les avancées récentes de la linguistique pour employer les mots clés qui ont la faculté d’ouvrir des portes ?
À quoi tient le pouvoir des mots ? Longtemps, c’est la rhétorique qui a répondu à cette question : il tiendrait avant tout à la clarté d’articulation d’un discours logique, à la qualité de la relation instaurée par l’orateur avec son public, à son charisme et sa stature, etc. De nombreuses techniques de communication s’appuient sur ce fondement théorique. Éprouvées depuis l’Antiquité, elles restent toujours valides.
Mais aujourd’hui, grâce à la progression des outils statistiques, la linguistique apporte une nouvelle réponse, complémentaire : le pouvoir des mots tiendrait à certains mots eux-mêmes. Des mots qui, subtilement, agiraient sur nos ressorts psychologiques les plus profonds, activant les mécanismes de l’attention, de la considération, de l’empathie, ou même de la volonté. Si la science du langage en vient à ces conclusions, c’est d’abord qu’elle a connu ces dernières décennies une révolution que certains auteurs comparent à l’invention du microscope pour la biologie. De fait, une vraie rupture s’est opérée avec la numérisation de volumes considérables de textes et l’apprentissage machine qui permet de les traiter en masse.
Grâce à ces évolutions technologiques, on peut tester le remplacement d’un mot par un autre, opérer une infime variation, puis en mesurer les effets à grande échelle. Avec des résultats parfois impressionnants : recourir à des prépositions pour caractériser les termes employés dans une lettre de motivation donne à celle-ci 24 % de chances supplémentaires de déboucher sur un entretien d’embauche ; écrivez « je recommande ce livre » plutôt que « j’ai aimé ce livre » dans un avis de client, et son influence sur les ventes augmentera de 32 %. Un simple changement dans le choix des mots peut ainsi avoir des effets sur la valeur perçue d’un produit, sur l’employabilité d’un salarié, ou même sur la capitalisation boursière d’une entreprise.
Ces enseignements apportent un éclairage précieux pour améliorer l’efficacité de sa communication. En fonction du contexte et des enjeux – éveiller l’attention, faire preuve d’assurance ou d’empathie, inspirer un changement de comportement, ou même se parler à soi-même –, certains mots seront à éviter, quand d’autres au contraire, s’avéreront de précieux alliés.
Dans cette synthèse :
– Choisir ses mots pour un questionnement efficace
– Renforcer son impact par le choix des mots
– Reformuler son dialogue intérieur pour l’orienter à son avantage
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