Dépasser la polarisation dans un conflit

La coopération est devenue une injonction si puissante qu’elle rendrait presque le conflit tabou. Pourtant, celui-ci est inhérent aux relations humaines. Il existe à tous les échelons de la société – et, bien sûr, ne s’arrête pas aux portes des entreprises.

Il arrive pourtant, et de plus en plus souvent, que le conflit dégénère au point d’apparaître comme indépassable. Les opinions se polarisent. Les divergences prennent un tour personnel : la position adverse paraît irrationnelle et animée de sombres intentions. Discuter semble voué à l’échec. Le passage en force semble alors préférable au compromis, mais il mène souvent à l’impasse. Cette situation a été vécue par un grand groupe industriel mis au défi de réduire la pollution engendrée par ses activités. Les premières discussions avec les régulateurs, les ONG et les syndicats qui le mettaient en cause ont montré des positions antagonistes et inflexibles. Il a donc opté pour le clash et le chantage à l’emploi. Le boycott lancé par les consommateurs a fini par coûter sa place au PDG.

Les entreprises se trouvent en effet à la croisée de tensions complexes qui les exposent tout particulièrement à la conflictualité : clivages sociétaux (vaccination, religion, politique…), questions sociales (salaires, flexibilité…) ou enjeux internes (fusions, réorganisations, concurrence pour les ressources…). Ces problématiques ont un point commun : il n’y a jamais une seule façon de les envisager. Dans bien des cas, il n’existe pas de vérité unique ni de solution clairement supérieure aux autres. Chaque camp a sa vision, légitime et pertinente… de son point de vue. Dans ces conditions, pourquoi chercher le compromis ? Tout pousse au contraire à camper sur ses positions, voire à surenchérir dans la radicalité.

Cette spirale délétère est bien connue des diplomates et des spécialistes de la négociation. Leurs expériences fournissent plusieurs enseignements contre-intuitifs pour sortir de l’impasse. La priorité n’est pas de s’accorder sur une vision commune du problème : cela reviendrait à essayer de persuader l’autre partie que l’on a raison ; en réaction, celle-ci s’arc-bouterait encore davantage sur ses positions. Mieux vaut cantonner les désaccords, s’écouter sans chercher à se convaincre, et trouver des micro-arrangements bénéfiques pour tout le monde.

Dans cette synthèse :
– Connaître et déjouer les mécanismes de la polarisation
– Sortir un conflit de l’impasse
– Travailler sur soi pour faciliter la résolution d’un conflit