Apprivoiser la procrastination
Avoir tendance à remettre au lendemain ce que l’on pourrait faire le jour-même est un mécanisme naturel de gestion des émotions. Plutôt que de lutter contre cette tentation, comment la canaliser, voire en tirer parti ?
Charles Darwin est célèbre pour sa théorie de l’évolution, qui a révolutionné le champ des sciences. Ce que l’on sait moins, c’est qu’à son retour des îles Galapagos, il a mis plus de vingt ans à rédiger son œuvre maîtresse ! Alors qu’il en avait déjà formulé les grands principes, il s’est dispersé sur quantité de sujets mineurs, de l’étude des lombrics à la géologie de l’Écosse. Craignait-il l’accueil que l’on ferait à sa théorie ? Avait-il des problèmes de santé ? Les spécialistes divergent, et seul Darwin aurait (peut-être) pu dire pourquoi, pendant deux décennies, il a préféré temporiser.
Darwin est loin d’être un exemple isolé de procrastination. Leonard de Vinci a mis douze ans à réaliser La Cène. Il n'y a mis la dernière touche que lorsque son commanditaire a menacé de lui couper les vivres. Plus près de nous, des patrons exceptionnellement performants ont reconnu cette tendance, comme Steve Jobs ou Kevin Systrom, le fondateur d’Instagram. En réalité, même si la procrastination véhicule l’image d’une faiblesse coupable, elle touche presque tout un chacun : 95 % des salariés reconnaissent qu’il leur arrive de repousser une partie de leur travail au lendemain ; un tiers estime que cette tendance va jusqu’à les pénaliser dans leur vie professionnelle.
Quelle force s’oppose ainsi à notre volonté, et nous pousse à tergiverser devant certaines tâches que jugeons pourtant importantes ? Faut-il voir dans nos accès de procrastination une forme de paresse ou un manque d’organisation ? En fait, il s’agit plutôt d’un réflexe défensif solidement ancré et très difficile à réprimer. Sa fonction ? Réguler nos émotions. Quand la perspective d’une tâche génère des pensées et des ressentis négatifs – lassitude, inquiétude, inconfort, etc. –, notre système limbique enclenche automatiquement le mode « fuite » pour nous éviter de les ressentir. Sur l’instant, nous perdre sur YouTube ou préparer notre liste de courses pour le week-end apparaissent à notre cerveau comme la meilleure option pour préserver notre équilibre émotionnel.
Dans ces conditions, chercher à supprimer la procrastination est souvent vain et épuisant. En revanche, en comprendre les ressorts permet de mieux la canaliser, voire d’en faire un levier de productivité !
Dans cette synthèse :
– Quel procrastinateur êtes-vous ?
– Cinq conseils pour mieux gérer sa procrastination
– Changer son dialogue intérieur pour moins procrastiner
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