Échapper au piège du surinvestissement professionnel
Les entreprises cherchent naturellement à avoir des collaborateurs disponibles et investis. Mais lorsque cet engagement, poussé à l’excès, entraîne une incapacité de déconnecter, les conséquences sont néfastes. Comment déjouer les pièges du surinvestissement professionnel ?
À l’heure où tant d’entreprises déplorent le désengagement d’une partie de leurs collaborateurs, lutter contre le surinvestissement professionnel ne semble pas d’actualité. Le zèle et la disponibilité ne sont-ils pas des qualités à valoriser ? Mais tout est question d’équilibre. Il existe une différence fondamentale entre un salarié consciencieux et un travailleur compulsif. Tandis que le premier constitue un atout précieux, non seulement le second se met en danger, mais il génère aussi des coûts collectifs importants, souvent sous-estimés. Reconnaître cette subtile distinction est essentiel pour prévenir les excès.
Pour le salarié, le surinvestissement professionnel se traduit par une incapacité à déconnecter du travail et une tendance irrépressible à en faire toujours plus. Le psychologue américain Wayne Oates a forgé le néologisme « workaholisme » pour qualifier cette dérive insidieuse, soulignant ainsi le mécanisme d’addiction qui la sous-tend. Cette tendance s’explique par des facteurs individuels aussi bien qu’externes. Certains traits de personnalité y prédisposent – perfectionnisme, fort besoin de reconnaissance, etc. –, mais l’environnement de travail peut aussi jouer un rôle catalyseur.
Pour l’entreprise, les conséquences négatives du surinvestissement peuvent être élevées. Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur un phénomène discret, mais dont les coûts collectifs grimpent. Le surtravail est la première cause des risques psychosociaux : mal-être au travail, détérioration du sommeil et de la qualité de vie, maladies chroniques, etc. Il ne conduit pas pour autant à une meilleure productivité, contrairement à une idée reçue. L’économiste John Pencavel a mis en évidence un effet de rendement inversé : au-delà d’un certain seuil, les heures de travail supplémentaires ne créent plus de valeur, voire en détruisent. En effet, la qualité des décisions, la créativité et la bonne exécution des projets s’en ressentent. Il faut enfin tenir compte des dégâts collatéraux tels que la dégradation de l’ambiance de travail, voire une perte d’attractivité pour l’entreprise lorsque celle-ci traîne la réputation de compromettre l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Alors que les pressions économiques s’accentuent, mettant les équipes à rude épreuve, il est indispensable d’évaluer objectivement les risques de surinvestissement professionnel dans son entreprise – et, le cas échéant, d’atténuer les facteurs fragilisant les collaborateurs vulnérables.
Dans cette synthèse :
– Surinvestissement professionnel : quand faut-il s’inquiéter ?
– Réduire les causes structurelles du surinvestissement professionnel
– Dire non : un savoir-faire subtil et essentiel
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