Favoriser l’intégration intergénérationnelle

Les stéréotypes liés à l’âge qui imprègnent les représentations du monde du travail sont souvent exagérés, voire infondés. Comment dépasser ces étiquettes générationnelles pour bâtir des dynamiques de travail plus fluides et plus efficaces ?
« Les jeunes ont perdu le goût de l’effort » ; « Les plus de 50 ans sont des dinosaures du numérique »… Même si l’on reconnaît généralement leur caractère excessif, les stéréotypes liés à l’âge imprègnent les représentations du monde du travail. Pourtant, ils résistent mal à l’épreuve des faits. Les études montrent que l’attachement à la valeur travail reste globalement stable d’une génération à l’autre, ou encore que la fracture numérique tient davantage à l’accès à la formation et aux outils qu’à l’âge. Même certaines grandes tendances générationnelles doivent être nuancées : si la « Gen Z » est souvent décrite comme la plus engagée sur les questions environnementales, un rapport récent de l’Institut Montaigne montre que cette préoccupation est en réalité partagée de manière similaire par toutes les tranches d’âge.
Les discours sur les générations ne datent pas d’hier – le regard critique sur ces discours non plus. Dès les années 1920, le sociologue Karl Mannheim montrait que la formation d’une conscience générationnelle n’est pas déterminée uniquement par une simple tranche d’âge, mais qu’elle dépend fortement des contextes sociaux, économiques et culturels. Pourtant, ces représentations restent tenaces – et influencent parfois nos interactions jusqu’à devenir des prophéties autoréalisatrices. Un collaborateur perçu comme « trop jeune pour être crédible » prendra moins la parole dans une réunion stratégique. De même, un salarié en fin de carrière, à qui l’on n’attribue plus de projet innovant, risque d’intérioriser cette image et de se mettre lui-même en retrait.
Ces biais sont nuisibles à plus d’un titre. En présupposant des limites liées à l’âge, on se prive non seulement de tirer parti du potentiel de chacun, mais on tend aussi à segmenter les rôles selon l’âge. Il peut en résulter une forme de cloisonnement qui prive de la complémentarité des perspectives liées aux différentes expériences.
Déconstruire ces stéréotypes n’est pas seulement un enjeu d’inclusion, mais aussi de performance. Cela suppose d’agir à plusieurs niveaux : aider chacun à prendre du recul sur les étiquettes associées à l’âge ; donner des clés aux managers pour encourager la collaboration entre générations ; et veiller à ne pas créer involontairement de cloisonnements inutiles.
Dans cette synthèse :
– Étiquettes générationnelles : un fact-checking nécessaire
– Construire un collectif où chaque génération apporte sa valeur
– Faire de l’inclusion numérique un pont entre les générations
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