Coopérer… mais pas trop !
Dans un monde du travail qui valorise le travail collaboratif, se concentrer est devenu une gageure. C’est pourtant un facteur de productivité et de bien-être. Comment redonner à chacun la possibilité de disposer de vraies plages de concentration ?
Les vertus de la coopération et du travail en équipe ne sont plus à démontrer. Selon un sondage récent, 91 % des senior managers considèrent que les équipes sont la clé du succès. On ne compte plus les ouvrages écrits sur l’importance de la collaboration à tous les niveaux : au sein des équipes, entre les services, avec les fournisseurs, les clients, etc. Et avec raison : les plus grands succès sont rarement le fait d’un seul homme.
Mais gare aux dérives, alertent les experts. Le travail collaboratif a un coût. Il favorise notamment le morcellement des journées de travail. Les agendas, rythmés par les nombreuses réunions destinées à assurer la coordination et le partage d’information, laissent ainsi peu de plages de vraie concentration. Les échanges incessants entre collaborateurs, que ce soit par mail, téléphone, Skype, SMS, sur les plateformes collaboratives ou sur les forums en ligne, peuvent rapidement accaparer l’attention au détriment de l’avancée des sujets de fond. Une étude estime qu’un collaborateur est sollicité en moyenne toutes les trois minutes, en tenant compte des messages électroniques. Or, lorsque l’on est interrompu dans une réflexion de fond, il faut en moyenne un peu plus de 20 minutes pour se concentrer pleinement à nouveau !
De plus, le travail en équipe n’améliore pas nécessairement la performance. Par exemple, on croit souvent que le meilleur moyen de faire foisonner les idées est de mener un brainstorming de groupe. Or, plusieurs études ont montré que les collaborateurs sont en fait plus créatifs quand ils bénéficient de longues plages pour réfléchir seuls au problème. De même, les moments de travail solitaire permettent souvent d’être plus productif pour faire avancer son travail. Être au calme et préservé de la sensation que l’on va être interrompu à tout instant permet de mieux mémoriser et de travailler avec plus de fiabilité, car le cerveau n’a pas à gérer simultanément les perturbations extérieures.
Collaborer est donc indispensable ; mais, comme en toutes choses, l’excès peut être néfaste. De nombreuses organisations gagneraient en efficacité et en performance en réaménageant leurs pratiques.
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